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Noeud autobloquant : comprendre, choisir et maîtriser ce geste essentiel

Ce nœud pourrait bien vous sauver la vie. On vous explique.

9 min
Préparation & Conseils
25 September 2025 à 8h36

En montagne, certains gestes ne tolèrent pas l’approximation. Le nœud autobloquant en fait partie. La moindre faute ou négligence peut avoir des conséquences dramatiques. Alors, on vous explique tout ce qu’il faut savoir (et surtout, ne pas faire).

Le principe fondamental : un nœud qui se bloque sous tension

Bon, soyons clair, le nœud autobloquant, c’est pas du folklore pour briller au refuge devant les randonneurs du dimanche. On parle d’une sécurité passive qui se bloque dès que la tension monte et qui redevient docile sitôt relâchée. En deux mots : tant que vous tirez sur la corde (volontairement ou non…), le nœud serre comme une poignée de main entre compagnons de galère. Et si vous soulagez la pression ? Ça glisse, vous pouvez avancer. Imaginez une poulie à friction dont l’âme serait un bout de cordelette – simple, mais implacable. Si vous pensez que c’est gadget, dites-vous bien qu’en montagne, chaque mouvement compte.

"Un nœud autobloquant n'est pas un gadget, c'est une extension de votre sécurité en montagne, et le négliger, c'est jouer avec le feu."

Pourquoi un nœud autobloquant est indispensable en montagne

En situation critique – chute surprise lors d’un rappel à flanc de paroi humide, défaillance d’un descendeur au moment où il ne faut surtout pas – l’autobloquant fait la différence entre rester suspendu ou finir trop vite sa journée… La vérité ? J’ai vu un pote glisser sur de la glace vive dans une épaule herbeuse du Vercors : sans autobloquant correctement placé, il aurait testé la portance des pins centenaires trente mètres plus bas.

Fichez-moi ça dans votre to-do avant la prochaine chute de neige !

Le rappel sans autobloquant, c'est comme faire du vélo sans freins. Vous voyez où je veux en venir ?

Les usages principaux : auto-assurance en rappel, mouflage, remontée et autres manœuvres de secours

  • Auto-assurance en rappel : Quand on descend une paroi raide (ou même juste douteuse), si on lâche la corde – panique ou maladresse – le nœud bloque immédiatement sur l’instant.
  • Mouflage : Tirer une charge lourde (ami coincé sous un bloc ou sac coincé dans un brassage en poudre), le nœud sert de point intermédiaire ou d’appui mobile indispensable.
  • Remontée sur corde fixe : En cas d’erreur de parcours ou pour sortir d’une zone expo, le nœud permet de progresser mètre après mètre sans perdre d’énergie ni risquer une descente incontrôlée.
  • Secours improvisés : Se vacher à une sangle douteuse sur une dalle verglassée ou s’auto-secourir quand tout part au tas… L’autobloquant apporte ce supplément d’âme (et surtout de sécurité) qu’on sous-estime tant qu’il ne sert pas.

Bref : qu’il s’agisse d’une traversée givrée ou d’une vire glissante à midi tapante, ce foutu petit bout noué méprise les excuses et sauve les arrières.

Mise en œuvre : comment faire et utiliser un nœud autobloquant (sans se prendre les pieds dans le tapis)

Le matériel indispensable : cordelette, mousqueton, et la bonne corde (on ne plaisante pas avec le diamètre !)

On oublie la bricole approximative. Pour un nœud autobloquant digne de ce nom, il vous faut :
- Cordelette autobloquante : Diamètre adapté à votre corde principale. Typiquement, une cordelette de 6 à 7 mm pour une corde de 8,5 à 10,5 mm. Nylon classique ou fibres techniques modernes (aramide), mais toujours souple et impeccable.
- Longueur de cordelette : Entre 1 m et 1,30 m (pour faire le tour plusieurs fois et garder du mou pour manipuler).
- Mousqueton à vis : Indispensable pour verrouiller, éviter les ouvertures inopinées – on ne rigole pas avec la gravité quand on pendule.
- Corde principale : Pas d’effilochage ni de boulochage suspect.

Bref – surveillez l’état du matos comme le lait sur le feu. Un point d’usure ou un mauvais diamètre ? Rangez votre ego dans le sac à dos et changez-moi tout ça.

Résumé matériel : Cordelette autobloquante adaptée (6/7 mm selon la corde), mousqueton à vis recommandé, corde principale en état impeccable.

Les étapes clés pour réaliser un nœud autobloquant (on se lance, mais pas n'importe comment)

Allez hop, c’est parti ! Prenons exemple sur le Prusik ou Machard – deux aliens incompris par les néophytes mais vite adoptés en pratique :

  1. Nouez l’anneau : reliez les extrémités de la cordelette par un nœud de pêcheur double solide – pas un truc « vite fait » hein !
  2. Passez la cordelette autour de la corde principale.
  3. Pour un Prusik : réalisez trois tours complets bien ordonnés autour de la corde principale. Alignez soigneusement chaque spire sans croisement hasardeux.
  4. Passez l’anneau entier dans la boucle formée à une extrémité.
  5. Tirez sur les brins libres pour serrer : tout doit être plaqué, homogène, aucun twist parasite sinon… surprise !
  6. Clipsez le mousqueton à vis dans l’anneau côté rappel/baudrier.

Nœud autobloquant Prusik correctement installé sur une corde d'escalade.

Deux secondes… Premier essai pour moi ? Gants trop épais, vent glacial sur les crêtes du Taillefer – j’ai mis trois plombes à comprendre pourquoi mon Machard glissait comme une savonnette. Moralité : entraînez-vous au chaud avant d’aller jouer au fakir dehors !

Comment régler la tension pour que ça coulisse mais que ça bloque

Ni trop serré, sinon ça remonte plus jamais ; ni trop lâche sous peine de finir en mode toboggan incontrôlé. Il faut que votre nœud puisse coulisser facilement quand vous poussez, mais se fige ferme dès qu’il prend une charge. Ça demande du doigté – vraiment – mais surtout des essais : chaque type de corde réagit différemment suivant l’humidité ou l’âge du matériel.

Conseil pratique : Avant de vous engager dans une situation délicate, testez votre nœud autobloquant en tirant dessus pour sentir sa prise. C'est une étape non négociable.

Le vrai feeling vient avec l’expérience – ce n’est pas en restant au parking qu’on verra les chamois…

Les erreurs à absolument éviter : le nœud trop serré, le mauvais diamètre, la cordelette usée…

Soyons clairs : si vous souhaitez tester les secours héliportés ou passer pour une andouille devant tout le groupe, essayez ceci :
- Utiliser une cordelette usée/abîmée (effilochage = danger direct).
- Choisir un diamètre inadapté : trop gros → ça bloque jamais ; trop fin → ça coince ou casse sous tension.
- Mal former le nœud (spires croisées ou désordonnées) = glissade assurée.
- Positionner trop bas/trop haut sur la corde = inefficace voire dangereux lors du rappel.
- Oublier l’autobloquant complètement avant la descente… parfois fatal (!).
- Croire qu’un autobloquant peut servir d’ancrage principal alors qu’il est fait pour accompagner…

Récapitulatif des erreurs à éviter : Matériel usé/malsain | Mauvais diamètre | Nœud bâclé | Placement aléatoire | Oubli total avant rappel | Usage hors-sujet.

L'importance de la formation et de la pratique

Pourquoi se former avec des professionnels est indispensable

Bon, soyons clair : si vous pensez qu’un tuto YouTube ou deux apéros au club suffisent pour maîtriser l’autobloquant, vous allez droit dans le mur. Ces nœuds-là ne pardonnent pas l’approximation – la moindre erreur, c’est votre sécurité (et celle de vos potes) qui part en vrille. La seule voie sérieuse ? Apprendre les techniques avec un guide de haute montagne qualifié ou via une structure spécialisée reconnue. Les vidéos et PDF ne remplacent jamais un encadrement critique, chaque détail compte : angle des spires, choix du matériel, gestion du stress.

Un nœud autobloquant mal maîtrisé, c’est pire que pas d’autobloquant du tout ! Ne jouez pas avec votre vie, formez-vous !

S'entraîner régulièrement : un enjeu vital

Vous croyez qu’on devient pianiste en vivant à côté d’un piano ? C’est pareil pour l’autobloquant : répéter jusqu’à ce que le geste soit instinctif, même avec les doigts gourds par le froid ou la tête fatiguée par l’altitude. L’entraînement doit toujours se faire sur VOTRE matériel — cordes réelles, cordelette choisie — et dans toutes les conditions météo possibles. Ce n’est pas du zèle, c’est juste du bon sens.

  • S'entraîner dans des conditions variées (chaud, froid, sec, humide)
  • Répéter les gestes jusqu'à l'automatisme complet
  • Tester et vérifier son matériel fréquemment
  • Se faire encadrer pour corriger ses erreurs avant d’avoir à le faire sous pression

Comprendre la relation cordelette/corde : une question de chimie et de physique

Je vais être tranchant : tous les combos corde/cordelette ne sont pas compatibles. Il ne suffit pas de « faire tenir » le machin… Il y a une véritable chimie entre la souplesse de la corde principale et celle de votre anneau autobloquant. Mauvais diamètre (trop gros = ça glisse ; trop fin = ça chauffe/casse), matière inadaptée (certaines cordes modernes ultra-lisses sont réputées pour refuser catégoriquement certains nœuds), nombre de spires insuffisant… Bref, comme le dit Nolan ou n’importe quel matosier sérieux : choisissez intelligemment — rien ne vaut un test sur place.

Pour encore plus de détails pointus sur comment bichonner vos cordes : tout savoir sur l'entretien du matériel d'escalade.

Les limites de l'autobloquant : ce qu'il ne peut pas faire (et pourquoi)

Allez hop ! On casse un mythe : non, l’autobloquant n’est ni une poulie miraculeuse ni un ancrage béton. Il existe une limite physique à sa capacité à supporter des chocs importants ; il n’a jamais vocation à remplacer un système complexe type mouflage avancé ou bloquer seul une chute massive. Son amplitude est limitée (déplacement fréquent requis…) et sa fonction reste complémentaire—un outil parmi d’autres dans votre arsenal sécurité.

Vouloir tout résoudre avec un seul type de nœud ? C’est comme vouloir déneiger une piste noire avec une pelle à tarte. N’insistez pas…

Votre nœud autobloquant, un allié indispensable en montagne

Le nœud autobloquant est une sécurité vitale, partout où la corde s’invite et que la gravité menace. Formez-vous sérieusement, entraînez-vous jusqu’à ce que le geste devienne réflexe, et ce petit bout de cordelette vous rendra bien plus qu’il ne coûte. Ranger l’ego dans le sac à dos : c’est pas en restant au parking qu’on verra les chamois !

Noeud autobloquant : comprendre, choisir et maîtriser ce geste essentiel

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