Le 5 mars 2018, Marc-André Leclerc disparaissait dans une avalanche en Alaska. À 25 ans, l’alpiniste canadien avait déjà révolutionné sa discipline. En une décennie, il s’est illustré par des ascensions toujours plus engagées et audacieuses. Par ses solos hallucinants, Marc-André Leclerc a repoussé les limites du possible, devenant une légende de son vivant. Mais il était bien plus qu’un grimpeur : un poète des parois, un philosophe du vide, un artiste en quête d’absolu. Et si sa disparition a laissé un vide béant dans le monde de la grimpe, son héritage continue d’inspirer les générations futures. On vous raconte son histoire.
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Marc-André Leclerc : Qui était cet alpiniste légendaire ? 🏔️
Bon, soyons clair dès le départ : personne ne s’attend à ce que le gamin silencieux de Nanaimo, perdu dans la brume épaisse de la Colombie-Britannique, bouscule un jour les codes de l’alpinisme mondial. Pourtant, Marc-André Leclerc – né le 10 octobre 1992 dans la vallée de Fraser – n’a jamais demandé l’attention des projecteurs. Petit gars discret, lunettes sur le nez et sac à dos élimé, il découvre la grimpe vers neuf ans grâce à une salle locale avant d’aller se frotter très vite aux cailloux moussus du coin. Sa mère raconte qu’il n’était jamais vraiment à la maison, préférant « disparaître dans les arbres » plutôt qu’écouter les infos. Voilà pour le décor.
Moi, je l’ai découvert un soir de tempête alors que j’écumais un vieux blog de cracks nord-américains – tombé sur une photo anonyme d’un gars hirsute bivouaquant sous l’averse près du mont Slesse. J’ai cru à un fake avant de creuser : non, ce type-là existait bel et bien et déjà sa réputation sentait la poudre… glaciaire.
Des débuts discrets au prodige de l'escalade
- Premier terrain de jeu : Squamish (BC), ses fissures granitiques glacées et ses forêts détrempées.
- Influence majeure : L’environnement sauvage du Pacifique nord-ouest, où la portance varie selon que tu marches sur l’aiguille ou dans la gadoue.
- École autodidacte : Pas de coachs en costard ni d’acolytes friqués ici, juste des potes paumés et du matos bricolé.
Voilà comment on forge un alpiniste avec une vraie corne aux mains.
Ses lieux de prédilection : Colombie-Britannique, Patagonie et au-delà
La Colombie-Britannique fut son laboratoire : il y a tout testé ou presque – escalade trad’, solo intégral sur glace ou mixte douteux. Une portance minimale, des épaulettes herbeuses qui font office d’assurage mental…
Mais c’est pas en restant au parking qu’on verra les chamois. Bref, revenons à nos moutons… ou plutôt à nos bouquetins ! La Patagonie devient rapidement son obsession. Là-bas il laisse littéralement son empreinte sur des parois comme Aguja Standhardt ou Cerro Torre via des solos dont personne ne voulait rêver à l’époque. Il fait aussi escale en Alaska (Mendenhall Towers) et s’offre quelques croûtes épiques sur les contreforts canadiens.

Le pyrénéiste de la roche et de la glace : un style unique
Leclerc n’était pas là pour aligner les croix sur Insta ni aligner les sponsors : style minimaliste pur jus, matériel réduit à sa plus simple expression (« light is right » qu’il disait). Il avance vite en montagne parce qu’il déteste traîner derrière les cordées plombantes – en solo intégral quand ça passe ; corde tendue quand ça sent trop l’orage.
Son approche ? Refus intransigeant du compromis.
« La liberté se trouve là où tu acceptes que rien ni personne ne vienne t’assurer sauf ta propre vigilance » – Marc-André Leclerc
Perso, je comprends cette logique jusqu’au bout des ongles gelés par une nuit blanche sous abri rocheux foireux… C’est dangereux ? Oui ! Mais c’est justement cela qui donne du sens au mouvement. Le danger n’était pas une tare chez lui mais une conséquence logique d’une recherche d’absolu. Fichez-moi ça dans votre to-do avant la prochaine chute de neige !
Les ascensions qui ont marqué l'histoire par Marc-André Leclerc
La Patagonie : Cerro Torre et la voie Corkscrew en solo intégral
Bon, soyons clair : s'il ne fallait retenir qu’un geste de funambule au-dessus du vide, encore plus improbable que croiser un gypaète barbu sous la pluie, c’est bien le solo intégral de la voie Corkscrew sur le Cerro Torre. Marc-André Leclerc n’a pas simplement grimpé ce monstre de granit – il l’a dompté, seul, sans spectateurs ni cordée pour applaudir ou trembler à côté. Septième solo du sommet dans toute l’histoire (c’est dire la rareté), premier sur cette ligne retorse cotée 5.10, A1, AI6 sur 1200 m d’escalade mixte où le vent s’invite en rafales comme un troisième acteur malsain.
Déjà, les classiques solos comme celui de Thomas Huber ou Jason Kruk étaient estampillés « légende ». Mais là… On parle d’une ascension parfois assurée dans le brouillard complet, prise de bec avec le verglas et les passages d’alpinisme engagé où le moindre faux pas t’envoie dialoguer avec la calotte glaciaire patagonienne. Sincèrement ? Faut avoir laissé son ego ET sa peur au fond du sac à dos pour oser ce genre de truc. Je me souviens avoir bivouaqué non loin du Fitz Roy : même sous tente triple toit, t’as l’impression que la montagne veut te recracher chez toi à chaque bourrasque !
À ce niveau, on ne grimpe plus pour les autres – on écrit une page d’histoire à mains nues.
Pour ceux qui veulent rêver grand ou simplement mesurer l'arrogance des parois mythiques : Les plus grandes parois d'escalade du monde

Le Mont Robson : un défi glacial relevé en solitaire
Le Mont Robson… « La reine des Rocheuses ». Rien que d’y penser j’ai des frissons (et pas qu’à cause du froid). En mars 2016 – alors que la plupart des grimpeurs bien éduqués préfèrent encore leur couette et un chocolat chaud –, Marc-André a décidé de s’offrir la face Emperor en solo hivernal par "Infinite Patience" (VI M7). Et là, bon courage : orientation nord, météo imprévisible façon roulette russe, brassage en poudre jusqu’aux cuisses et ambiance polaire garantie !
Là où beaucoup se seraient arrêtés au premier ressaut gelé parce que « c’est trop risqué » ou « ça va mal finir », lui a continué sans faiblir. Mental d’acier trempé à l’ancienne et acceptation totale de l’engagement.
C’est ce genre d’assaut express qui force mon respect – parce que ta lucidité devient ta meilleure assurance vie quand tout autour veut te ralentir ou t’engloutir.
Les Mendenhall Towers : une exploration audacieuse en Alaska
Ah… L’Alaska. Ça évoque pour moi une anecdote pénible (type chaussons mouillés oubliés dans un buisson sous la neige) mais pour Marc-André Leclerc c’était surtout le terrain de jeu ultime des explorateurs modernes. En mars 2018, avec Ryan Johnson, il ouvre une nouvelle ligne sur le Main Tower dans les Mendenhall Towers : massif quasi vierge où peu osent s’aventurer à cause de sa météo schizophrène et ses approches tordues.
Ce n’est pas juste gravir ; c’est découvrir, inventer sa voie là où rien n’existait avant. Approche mixte très technique entre rocher douteux et glace instable… Bref, rien à voir avec « suivre les points rouges ». Son attitude ? Celle d’un pionnier – dans la veine d’un Lionel Terray ou d’un Doug Scott qui partaient sans GPS ni certitude autre que leur curiosité et leur envie de voir ce qu’il y a derrière le prochain éperon. Fichez-moi ça dans votre to-do avant la prochaine chute de neige : explorer l’inconnu !
Autres exploits notables : Ha Ling Peak, Mont Lawrence Grassi...
Pour finir ce tableau sans tomber dans le catalogue indigeste :
- Ha Ling Peak (Canadian Rockies) : Solo hivernal "Premature Ejaculation"
- Mount Lawrence Grassi : Escalade libre et rapide sur grandes voies calcaires
- Echo Canyon : Combinaisons inédites en escalade mixte & glace
- Station-D : Voies techniques peu répétées sur rocher exigeant
- Mount Slesse : Paroi nord comme laboratoire régulier pour ses solos discrets mais costauds.
Bref : partout où il y a eu caillou exposé ou couloir douteux à parcourir seul, Marc-André a laissé sa trace – discrète mais indélébile.
« The Alpinist » : Le documentaire qui a révélé Marc-André Leclerc au grand public
Ah, ce film ! Quel coup de poing émotionnel ! On ne va pas tourner autour du sapin : sans « The Alpinist », beaucoup de grimpeurs du dimanche n’auraient même jamais entendu parler de Marc-André Leclerc. Ce documentaire sorti en 2021, réalisé par Peter Mortimer et Nick Rosen, s’est mis en tête de capturer ce que tant de médias ont raté : l’essence pure, farouchement libre et farouchement solitaire de Leclerc. Ce gars n’était pas fait pour les caméras — alors réussir à restituer sa vie, c’est déjà un tour de force.
Un film inspiré par une vie hors norme
- Objectif : Plonger dans la trajectoire d’un grimpeur insaisissable, qui repousse les frontières du solo intégral sur roche ET sur glace.
- Ce que le film révèle : Son rapport intime avec le vide ; son refus du star-system ; l’incroyable tension entre fragilité et force brute.
- Émotion : Oui, ça secoue ! Des plans hallucinants où on serre les dents devant la portance minimaliste de ses appuis, et ce silence… La montagne en témoin muet.
> Si vous voulez comprendre pourquoi certains risquent tout sans se soucier des likes, c’est votre ticket d’entrée.

La collaboration avec Peter Mortimer et Nick Rosen
Peter Mortimer et Nick Rosen ne sont pas des touristes du documentaire d’aventure. Ces deux-là ont déjà pondu quelques classiques mais là… C’est un chantier particulier : comment suivre un grimpeur qui déteste être suivi ? Anecdote véridique (racontée par l’équipe) : lors d’une expé prévue au Canada, Marc-André a tout bonnement disparu plusieurs jours sans donner signe de vie ni GPS ni texto. Résultat ? Mortimer a dû attendre dans une station-service pour espérer l’apercevoir au retour… Belle leçon sur la notion d’autonomie non ?
Si vous aimez les films où la caméra prend des risques (et parfois se fait planter par l’alpiniste lui-même), allez jeter un œil à notre sélection des meilleurs documentaires d'aventure.
La réception critique et l'impact sur la popularité de Leclerc
On ne va pas se mentir : il aura fallu qu’un film touche Netflix pour que tout le monde s’émeuve devant ce prodige discret… Mais bon, mieux vaut tard que jamais !
- Sélectionné parmi les meilleurs films d’alpinisme (5e place selon Andrew Bisharat)
- Les critiques saluent surtout la sincérité brute du récit (RogerEbert.com parle d’« électrifiant », American Alpine Club de « mind blowing »)
- L’accueil public ? Ultra positif même chez ceux qui confondent piolet et tire-bouchon.
Note maison : ⭐⭐⭐⭐⭐ – Et oui, il les mérite amplement.
Disponible sur Netflix : un héritage accessible
Pour une fois qu’on peut conseiller un vrai chef-d’œuvre dispo sur une plateforme grand public… « The Alpinist » est bien visible sur Netflix (à l’international). L’histoire d’un garçon solitaire devenu icône malgré lui y est enfin accessible à tous — jeunes cordées ou anciens grognons confondus.
Allez hop, on range l’ego dans le sac à dos et on va voir ce chef-d'œuvre !!
La tragique disparition de Marc-André Leclerc en Alaska 💔
Bon, soyons clair : il y a des pages qu’on préférerait ne jamais écrire, mais celle-ci fait partie du paysage montagnard — austère, rugueux, sans place pour le sensationnel ni le pathos facile.
Les circonstances de l'avalanche du 5 mars 2018
Le 5 mars 2018, sur les Mendenhall Towers près de Juneau, Alaska, Marc-André Leclerc et son compagnon de cordée Ryan Johnson bouclent une nouvelle voie mixte hallucinante sur la Main Tower. Une météo capricieuse, un terrain d’aventure rarement foulé. Ce secteur n’est pas franchement le spot du dimanche : ambiance hostile, accès galère, communication quasi impossible. Après leur sommet — atteint dans l’après-midi — plus personne ne recevra d’appel ni de message.

Quelques jours plus tard, la réalité s’impose froidement : aucune trace plus bas que la rimaye ; des indices d’avalanche sous le couloir de descente. C’est tout. Rien à ajouter sauf peut-être : on grimpe parfois avec les meilleurs, ça ne rend pas invincible.
Les recherches de secours et la confirmation du décès
La suite ? Une mobilisation express du Juneau Mountain Rescue (bénévoles locaux et pros) qui se heurte à des conditions météo lunaires. Héli bloqué au sol, visibilité zéro… Plusieurs tentatives d’hélitreuillage pour repérer les grimpeurs ou leurs affaires – sans résultat tangible. On parle ici d’un secteur où « espérer » est parfois le seul horizon.
Huit jours après leur disparition, l’évidence finit par s’imposer à tous : impossible de récupérer les corps tant le risque d’avalanche demeure élevé. La montagne garde ses secrets ; on doit accepter l’absence de réponse nette. Chapeau bas aux équipes qui ont tout tenté et à la résilience des proches restés sur place ou derrière un écran à attendre un miracle qui ne vient jamais.
Pour ceux qui veulent comprendre ce que signifie « s’engager », faites un détour par notre guide sur la sécurité en montagne.
L'hommage de la communauté alpinistique et de ses proches
Le choc a résonné loin au-delà des cercles fermés : partout où on respecte la verticalité, on a salué cet engagement ultime.
Quelques noms parmi tant d’autres qui ont pris la plume ou étreint les leurs plus fort après l’annonce :
- Chris Bonington
- Barry Blanchard
- Alex Honnold
- Reinhold Messner
- Brette Harrington (partenaire et inspiratrice)
- Sa compagne Bridgid-Anne Dunning; son père Serge Leclerc et sa mère Michelle Kuipers.
La douleur est là mais se transforme en force collective — preuve que même dans la perte, l’esprit reste vivant si on sait regarder au-delà du simple bilan comptable des sommets gravis.
Vivre sa passion jusqu'au bout : une philosophie qui marque
On peut toujours gloser sur la frontière floue entre audace et folie douce… En vrai ? Marc-André Leclerc a vécu comme il pensait : chaque instant pleinement assumé, même face au pire scénario. Pas question de juger. Juste comprendre qu’il a choisi sa ligne – sans concession aucune.
Il a vécu sa vie à fond, sans concession, jusqu'à son dernier souffle.
L'héritage de Marc-André Leclerc : plus qu'un alpiniste, une icône
Rares sont ceux qui auront incarné la liberté en montagne avec autant d’aplomb que Marc-André Leclerc. Sa trajectoire est devenue un point de repère pour tous ceux qui refusent le balisage — il nous a montré qu’on pouvait faire autrement, que la montagne était un espace de liberté absolue. Pas de compromis, pas de compromissions : son autonomie n’était pas posture mais nécessité vitale. À l’opposé du business Instagram et des expéditions sponsorisées à outrance, Leclerc s’est taillé une place singulière dans l’imaginaire collectif.
« Marc-André grimpait non pour impressionner, mais parce qu'il ne savait pas vivre autrement. Il nous rappelle que la solitude et l’audace sont les vrais guides en montagne. » – Barry Blanchard
Un modèle de liberté et d'autonomie pour les grimpeurs
Marc-André Leclerc a bouleversé la donne : pas étonnant que son héritage soit déjà étudié par ceux qui rêvent d’autonomie totale sur les arêtes ou dans leur vie quotidienne. Il ne s’est jamais laissé dicter sa ligne par le consensus ou le confort moderne. C’est tout sauf du folklore : c’est un mode de vie exigeant où la peur se gère à l’intime. On lui doit ce rappel brutal : la montagne reste un terrain vierge d’injonctions sociales.
Son influence sur les générations futures d'alpinistes
Regardez autour de vous : combien de jeunes grimpeurs cherchent aujourd’hui des expériences plus authentiques, loin des podiums et du bruit médiatique ? La trace laissée par Leclerc est visible chez ces nouveaux venus qui valorisent la légèreté, le minimalisme et surtout l’expérience brute plutôt que le CV bien rempli. Son approche – honnêteté intégrale envers soi-même, recherche d’une aventure pure – continue à irriguer l’escalade moderne.
Avis personnel
Pour être franc, je n’avais jamais vu un tel souffle passer sur la jeune génération depuis Messner : on sent que Marc-André a remis tout le monde face à ses propres choix. Il était un artiste du caillou, pas un simple athlète au palmarès stérile.
L'importance de se souvenir de son esprit d'aventure
Revenons à l'essentiel… ou plutôt à nos bouquetins. Si on devait retenir quelque chose de son histoire, c’est qu’elle incarne le refus obstiné des sentiers battus : une soif d’exploration sans filet ni arrière-pensée marketing. Oublier cet esprit-là serait une faute grave pour toute une communauté qui prétend aimer l’aventure.
C’est pas en restant au parking qu’on verra les chamois : alors oui, prenons exemple et gardons vivante cette étincelle d’audace ! Pour découvrir d'autres figures majeures ayant repoussé les limites en verticale : grands noms de l'alpinisme.
Conclusion : L'étoile filante de l'alpinisme
Il n’y a pas deux Marc-André Leclerc. À l’image d’une étoile filante, il a traversé le ciel montagnard avec une intensité rare, illuminant la nuit des plus timides comme des plus aguerris. Brillant, rapide, imprévisible – et surtout, absolument libre. On oublie trop souvent que certains destins, même brefs, laissent une trace indélébile sur le glacier collectif. Il n’était pas juste un collectionneur de sommets ou un funambule du vide : il était un artiste qui sculptait sa propre voie dans le chaos minéral.
Si vous cherchez à lui rendre hommage sans tomber dans les clichés :
- Osez sortir du topo et inventer votre ligne sur le terrain,
- Mettez votre téléphone en mode avion et écoutez vraiment la montagne,
- Rangez l’ego dans le sac à dos et laissez-vous porter par la curiosité,
- Acceptez que la peur soit parfois un guide plus fiable qu’un GPS.
Bref, ne restez pas au parking ! La vie de Marc-André Leclerc rappelle que c’est l’audace discrète et l’exploration sincère qui marquent durablement les esprits.