Le GR20 en Corse est-il vraiment le trek le plus dur d’Europe ? Découvrez notre guide complet des distances, dénivelés et étapes pour préparer votre traversée grâce à nos conseils.
Le GR20 en Corse : distance, dénivelé et votre défi mythique
Avec ses 180 km de sentiers rocailleux, ses 13 000 m de dénivelé cumulés et ses paysages à couper le souffle, le GR20 offre une expérience unique. C’est un défi qui ne laisse aucune place à l’improvisation. La Grande Traversée de la Corse est reconnue comme l’une des plus difficiles d’Europe.
Mais à quel point exactement ? Pour vous aider à y voir plus clair, voici un guide complet des distances et dénivelés du GR20. Nous vous donnons les chiffres précis, expliquons comment les comprendre, et vous préparons à affronter cette traversée mythique.
(Article garanti sans langue de bois.)
Le GR20 en Corse : distance, dénivelé et votre défi mythique
Bon, soyons clair, le GR20 n’est pas une simple balade. C’est un itinéraire de trek qui met vos mollets à rude épreuve et remet rapidement votre ego à sa place. Distance totale ? Environ 180 km – mais vous aurez l’impression que c’est le double lorsque vous serez sur l’arête du Cirque de la Solitude (ou son contournement, pour les plus prudents).
Le dénivelé positif total ? Accrochez-vous : 12 500 à 13 000 mètres D+ ! Ce n’est pas une erreur. Le parcours comprend 15 à 16 étapes classiques, selon votre façon de compter ou les variantes choisies (j’ai déjà croisé un randonneur persuadé d’être arrivé à Conca alors qu’il lui restait encore deux refuges… la fatigue joue des tours). La durée moyenne pour un randonneur standard est de 12 à 16 jours, avec un terrain loin d’être un tapis roulant.
Ces chiffres impressionnent, mais la vraie difficulté réside dans les détails qui mettent le mental à rude épreuve : rochers instables, météo changeante, et ces journées où la montée semble interminable.
Nous allons démystifier tout cela – car les statistiques ne racontent pas la sueur sur les crêtes ni les discussions au refuge. Accrochez-vous, cet article va creuser sous la surface des chiffres pour préparer vraiment votre aventure corse.
GR20 Nord ou GR20 Sud : choisir votre parcours en Corse
Le GR20 Nord : plus technique, plus aérien (Calenzana à Vizzavona)
Le GR20 Nord (de Calenzana à Vizzavona) est une école du dénivelé. Ce n’est pas un simple sentier, mais un terrain d’apprentissage où la caillasse s’infiltre sous chaque semelle et les arêtes effilées rappellent que ce n’est pas un parcours pour faire joli sur Instagram. Sur environ 90 km, attendez-vous à 7000 à 8000 m de D+. Cela forge des cuisses en acier et des mains aguerries à la roche. Les difficultés incluent des "passages rocheux où il faut mettre les mains", des crêtes exposées jouant avec le vide, et le Cirque de la Solitude, désormais contourné via la Brèche de Capitellu – une épreuve exigeante. Les paysages sont d’une beauté brute : pics minéraux acérés, lacs d’altitude impressionnants. Calenzana vous accueille avec austérité, Vizzavona félicite les rescapés : entre les deux, c’est un festival de roche et de terrain instable.
Le GR20 Sud : plus roulant, plus sauvage (Vizzavona à Conca)
Le GR20 Sud (de Vizzavona à Conca) est dit "plus roulant"… mais cela ne signifie pas "facile". Les 90 km de ce tronçon comportent tout de même 5000 à 6000 m de D+. La différence ? Moins technique, mais parfois plus long sur certaines étapes. L’ambiance change : forêts de pins lariccio parfumées à la résine chauffée, grandes traversées pastorales entre pozzines verdoyantes (celles qui évoquent le Lac de Nino, bien que géographiquement proche du Nord), plateaux infinis et pâturages sauvages. En point d’orgue, les Aiguilles de Bavella, dentelées comme un vieux couteau corse. Plus sauvage dans l’âme, moins vertical, mais la fatigue s’accumule sournoisement.
Départ : Calenzana ou Conca ? Conseils pour bien choisir
Pour choisir votre point de départ, voici mon avis : partir de Calenzana signifie plonger directement dans le grand bain. Si vous souhaitez tester votre mental autant que vos mollets, c’est un incontournable à inscrire dans votre préparation ! L’avantage est que vous saurez rapidement où vous en êtes (spoiler : on surestime toujours ses capacités au départ). En revanche, commencer par Conca offre une montée en puissance progressive, comme un bon vin qui s’aère doucement… jusqu’à ce que les Aiguilles de Bavella vous mettent à l’épreuve en fin de parcours. Chacun sa méthode : immersion directe dans le chaos ou crescendo pastoral.
Partir de Calenzana, c’est comme apprendre à nager en pleine mer : ça surprend, ça secoue, mais ensuite on est prêt à tout. Partir de Conca est plus doux, mais la Corse ne vous laisse jamais vraiment tranquille. Le vrai défi est de finir, quel que soit le sens.
En résumé, rangez votre ego dans le sac à dos et choisissez selon votre niveau et votre humeur… car ce n’est pas en restant au parking que vous verrez les chamois.
Étapes du GR20 : distances et dénivelés détaillés
Les étapes du GR20 Nord : l'école de la roche et des sommets
Le GR20 Nord ne fait pas de cadeaux dès la première montée. C’est la partie où le sentier teste votre motivation… ou vous rappelle que votre grand-mère avait raison avec sa proposition d’une semaine à Palavas-les-Flots. Voici le détail, entre statistiques précises et remarques franches :
| Étape | Départ - Arrivée | Distance (km) | D+ (m) | D- (m) |
|---|---|---|---|---|
| 1 | Calenzana - Ortu di u Piobbu | 6,5 | 620 | 80 |
| 2 | Ortu di u Piobbu - Carrozzu | 7 | 720 | 670 |
| 3 | Carrozzu - Asco Stagnu | 5,5 | 790 | 940 |
| 4 | Asco Stagnu - Tighjettu | 8 | 1050 | 760 |
| 5 | Tighjettu - Ciottulu di i Mori | 7 | 750 | 350 |
| 6 | Ciottulu di i Mori - Manganu (Lac de Nino / bergeries Vaccaghia) | 10 | 400 | 700 |
| 7 | Manganu - Petra Piana | 6 | 650 | 600 |
| 8 | Petra Piana - Onda (Vizzavona) | 10 | 450 | 700 |
Étape 1 : Calenzana au Refuge d'Ortu di u Piobbu : Environ 6,5 km, 620 m D+, 80 m D-. Dès le départ, la montée est raide sur des sentiers caillouteux sous un maquis brûlant. Chaque mètre se savoure. L’arrivée à Ortu di u Piobbu (ou Ortu di u Pultellu) marque la fin des illusions de facilité.
Étape 2 : Ortu di u Piobbu au Refuge de Carrozzu : Environ 7 km, 720 m D+, 670 m D-. Descente technique suivie d’une montée raide vers Bocca Piccaia. La passerelle suspendue avant Carrozzu teste équilibre et ego.
Étape 3 : Carrozzu à Asco Stagnu : Environ 5,5 km, 790 m D+, 940 m D-. Montagnes russes : montée raide sur éboulis vers Bocca di Stagnu, puis longue descente caillouteuse jusqu’à Asco. La stabilité des blocs est aléatoire.
Étape 4 : Asco Stagnu au Refuge de Tighjettu : Environ 8 km, 1050 m D+, 760 m D-. Contournement du Cirque de la Solitude via la Brèche de Capitellu : blocs instables, souffle court, panorama sur Paglia Orba et Capu Tafunatu. Préparez-vous.
Étape 5 : Tighjettu au Refuge de Ciottulu di i Mori : Environ 7 km, 750 m D+, 350 m D-. Relatif répit, mais terrain minéral avec vue sur les massifs. Ciottulu di i Mori est le plus haut refuge du GR20.
Étape 6 : Ciottulu di i Mori au Lac de Nino (bergeries Vaccaghia ou Refuge de Manganu) : Environ 10 km, 400 m D+, 700 m D-. Verdure avec les pozzines autour du Lac de Nino, rare moment de changement de décor.
Étape 7 : Manganu au Refuge de Petra Piana : Environ 6 km, 650 m D+, 600 m D-. Passage par la Brèche de Ghiarghe Rosse, col venteux. Panorama impressionnant.
Étape 8 : Petra Piana au Refuge de l’Onda (ou Vizzavona) : Près de 10 km, 450 m D+, 700 m D-. Longue descente en forêt jusqu’à Onda, puis possibilité de rallonger jusqu’à Vizzavona, pour ceux qui le souhaitent ou pour éviter les moustiques.
Anecdote : un randonneur a fait demi-tour après trois jours, disant avoir "perdu tout plaisir"… mais il a oublié sa frontale à Carrozzu, preuve qu’on laisse toujours un peu de soi sur le GR20 Nord.
Étapes du GR20 Sud : forêts, plateaux et aiguilles
Après Vizzavona, le parcours change : moins vertical mais parfois plus long, avec une monotonie relative ou de vastes étendues pastorales. Voici le détail :
| Étape | Départ - Arrivée | Distance (km) | D+ (m) | D- (m) |
|---|---|---|---|---|
| 9 | Vizzavona - E Capanelle | 15 | 800 | 150 |
| 10 | E Capanelle - Prati | 17 | 650 | 750 |
| 11 | Prati - Usciolu | 11 | 700 | 700 |
| 12 | Usciolu - Matalza | 10 | 500 | 700 |
| 13 | Matalza - Asinau | 9 | 600 | 500 |
| 14 | Asinau - Bavella | 8 | 500 | 800 |
| 15 | Bavella - Paliri | 7 | 450 | 500 |
| 16 | Paliri - Conca | 12 | 150 | 700 |
Étape 9 : Vizzavona au Refuge d’E Capanelle : Environ 15 km, 800 m D+, 150 m D-. Traversée en forêt parmi pins lariccio et fougères dorées. Halte recommandée à la Cascade des Anglais.
Étape 10 : E Capanelle au Refuge de Prati : Environ 17 km, 650 m D+, 750 m D- sur crêtes dégagées. Attention à la chaleur, l’hydratation est cruciale.
Étape 11 : Prati au Refuge d’Usciolu : Environ 11 km, avec 700 m D+ et 700 m D-. Passage sur l’Arête des Statues, où l’équilibre est mis à l’épreuve. Vue panoramique.
Étape 12 : Usciolu à Matalza : Environ 10 km vers le Plateau du Coscione. Ambiance bergeries, chevaux sauvages, et espaces propices à une pause.
Étape 13 : Matalza au Refuge d’Asinau : Environ 9 km vallonnés, étape clé avant l’assaut final sur Bavella.
Étape 14 : Asinau aux Aiguilles de Bavella (ou Paliri) : Environ 8 km intenses, avec une variante alpine pour les amateurs de sensations fortes.
Anecdote : un soir à Bavella, lors d’un orage, j’ai compris que même sans réseau ni bière fraîche, on peut atteindre une forme d’illumination montagnarde… ou devenir complètement zinzin.
Étape 15 : Bavella au Refuge de Paliri (si non inclus dans la variante) : Environ 7 km faciles, entre sculptures naturelles et senteurs résineuses. Dernier salut aux bouquetins.
Étape 16 : Paliri à Conca (fin) : Environ 12 km, principalement en descente (150 m montée / 700 m descente). Chaque pas rappelle que vos chaussures et illusions touristiques ont survécu. L’arrivée à Conca est méritée – rien de plus agréable qu’une douche froide après tant d’efforts.
Comprendre le dénivelé : un facteur clé du GR20
Dénivelé positif (D+) vs Dénivelé négatif (D-) : les chiffres qui comptent
Sur le GR20, le dénivelé est primordial. Les kilomètres importent peu, c’est la courbe d’altitude qui compte. Le dénivelé positif (D+) correspond à la somme de tous les mètres montés – chaque gain d’altitude s’additionne jusqu’à ce que vos mollets crient grâce (source). Le dénivelé négatif (D-) est la somme des mètres descendus – ce n’est pas une promenade, vos genoux encaissent tout.
Pour simplifier : un kilomètre plat, c’est du tourisme ; un kilomètre avec 300 m de D+ est un vrai effort sportif. Sur le GR20, on parle de 12 500 à 13 000 mètres de dénivelé positif cumulé… on ne fait que monter ou descendre, rarement marcher à plat.
Pour évaluer la difficulté d’une étape, regardez surtout le D+ et le D-. C’est plus révélateur que la distance.
Sur le GR20, ce sont les "brassages en poudre" dans les montées et les "épaules herbeuses" glissantes en descente qui façonnent le trekkeur, physiquement et mentalement. Personne n’échappe au défi du dénivelé cumulé.
Records et défis : le GR20 en mode ultra-trail
Certains athlètes avalent le GR20 en mode "ultra", battant des records impressionnants ! Par exemple, certains parcourent les 179 km et près de 11 000 m de D+ en moins de 45 heures, soit près de 4000 m de montée par jour (source). D’autres rêvent d’un "GR20 en trois jours", dépassant alors les 8700 m de dénivelé cumulé en un temps très court : il faut aimer souffrir ou avoir oublié tout instinct de survie.
Je respecte ces exploits, mais c’est une expérience très différente. Le paysage défile, les pauses contemplation sautent, on mange du caillou sans savourer l’ambiance corse. Bref, "rangez l’ego dans le sac à dos" si vous cherchez juste une médaille virtuelle ! Ce sentier révèle l’âme plus qu’il ne sert de terrain de record. Posez-vous la question : venez-vous pour cocher une case ou pour vraiment rencontrer la montagne corse ? Pour ma part, j’ai choisi mon camp depuis longtemps.
Préparer le GR20 : entraînement et équipement indispensables
L'entraînement physique : ne sous-estimez jamais le dénivelé corse !
La préparation physique est essentielle avant même de penser à la Corse : beaucoup surestiment leurs capacités. Le cardio doit être solide : courez, montez des escaliers (à fond), faites des sorties sur sentiers accidentés avec du dénivelé – c’est ce qui vous évitera le naufrage dès la première crête.
Ne négligez pas le renforcement musculaire : jambes (fentes, squats, montées de genoux) et dos, pour porter votre sac sur 50 km de rocaille sans finir tordu. Habituez-vous à marcher chargé : testez-vous sur des dénivelés importants avec tout votre équipement – ce n’est pas en restant au parking que vous verrez les chamois ou gravirez les arêtes du GR20 !
Un détail important : même les mollets les plus musclés sont mis à rude épreuve par la répétition quotidienne du dénivelé. Ce n’est pas une question d’ego ou de performance, mais d’endurance fonctionnelle.
Si vous connaissez déjà Étapes du GR10 : Guide complet des sections et conseils pour réussir la traversée des Pyrénées, sachez que beaucoup des routines d’entraînement testées dans les Pyrénées sont très efficaces pour la Corse… sauf qu’ici, on ne crie pas à chaque ornière.
Équipement indispensable pour affronter les crêtes et cirques
Votre matériel est vital face aux caprices du terrain ! Pas de chaussures neuves qui glissent sur les arêtes : privilégiez des chaussures montantes, rodées et solides (Gore-Tex ou cuir traité). Les bâtons sont INDISPENSABLES : ils protègent vos genoux dans les montées et descentes instables.
Le sac à dos doit être léger (45-55L), bien ajusté, testé avant le départ. Les vêtements techniques multicouches s’adaptent à toutes les conditions (j’ai déjà vu grêle et canicule sur une même étape). Prévoyez un imperméable compact et une veste chaude. Protection solaire et pluie : chapeau ou casquette, crème solaire efficace, lunettes adaptées.
Rangez l’ego dans le sac à dos : ne prenez que l’essentiel, oubliez pyjama licorne et romans-fleuves.
Check-list GR20 (indispensable) :
- Chaussures de randonnée montantes (déjà portées, c’est crucial) ;
- Sac à dos léger (45-55L), bien réglé ;
- Bâtons de randonnée (indispensables en montée et descente) ;
- Vêtements techniques multicouches (respirants, chauds, imperméables) ;
- Protection solaire (crème, chapeau, lunettes) ;
- Trousse de premiers secours (ampoules, petits bobos) ;
- Carte IGN et boussole / GPS (savoir s’en servir avant le départ) ;
- Réserve d’eau suffisante (minimum 2 litres) et filtre à eau ;
- Nourriture énergétique (barres, fruits secs) ;
Refuges et logistique : anticiper pour éviter les problèmes
La logistique est souvent un piège pour les plus téméraires. Les refuges, gérés par le Parc naturel régional de Corse, nécessitent une réservation OBLIGATOIRE depuis 2023, y compris pour camper à proximité. En haute saison, partir sans réservation peut vous conduire à dormir sous un abri de fortune ou en "mode tarries" entre deux crêtes.
L’eau ? Ne comptez jamais sur une source à chaque étape. Soyez autonomes avec un système de filtration ou purification, car certaines sections sont très sèches. Pour la nourriture, prévoyez un stock tampon en cas de rationnement ou fermeture imprévue d’un refuge.
Carte IGN + boussole/GPS = combo gagnant… à condition de savoir lire une courbe de niveau autrement qu’à la pause pique-nique ! Négliger cela, c’est signer son retour prématuré. Sécurité avant tout : informez toujours quelqu’un de vos étapes prévues si vous partez seul.
En résumé, intégrez cela dans votre préparation avant de poster fièrement votre photo au panneau "Conca".
Les paysages du GR20 : une immersion dans la Corse sauvage
Des sommets minéraux aux lacs d'altitude : la Corse du Nord
Le GR20 Nord ne fatigue pas seulement les jambes, il émerveille aussi les yeux – un spectacle grandiose sans pause. On évolue dans un décor vertical où chaque pas sur la crête défie la banalité. Entre Paglia Orba et Capu Tafunatu, deux géants de granit veillent sur le sentier et le moral des randonneurs. Ce décor n’est pas pour les demi-mesures.
Sur cette portion, les cirques naturels et arêtes acérées rythment la progression : traverser la Brèche de Capitellu, c’est comme pénétrer au cœur d’un cyclone minéral. Si vous atteignez les lacs d’altitude – le Lac de Nino avec ses pozzines verdoyantes, ou les joyaux suspendus que sont le Lac de Capitellu et le Lac de Melo – vous profiterez de quelques instants de pure poésie, avant que la météo ne pimente le tout.
C’est un paysage brut, parfois impitoyable, mais toujours fascinant. Ce n’est pas en restant au parking que l’on verra les chamois, alors autant marcher là où ils règnent – même si vos mollets en souffrent.
Entre forêts, pozzines et aiguilles : la Corse du Sud
Le sud du GR20 ? On change radicalement d’ambiance. Ici, c’est une envolée verdoyante : dès Vizzavona, les forêts profondes recouvrent tout ce que le nord laisse nu. Les pins lariccio y règnent avec autorité pendant que sur le Plateau du Coscione, les chevaux sauvages prennent la pose entre deux touffes d’herbe grasse et pozzines secrètes. Loin des verticalités brutes du nord mais sans jamais tomber dans la facilité : chaque faux-plat cache en douceune montée bien sentie.
Et puis surgissent soudain ces fameuses Aiguilles de Bavella, orgues rouges plantés dans le ciel corse… Si vous pensiez avoir tout vu côté paysages méditerranéens, préparez-vous à réviser sévère votre jugement : ici, même la lumière semble taillée sur mesure pour sculpter chaque arête. Contraste total : pastoral versus minéral — voilà pourquoi ce trek n’a pas d’équivalent ailleurs en Europe.
L'âme corse : une rencontre avec la montagne dans ce qu'elle a de plus brut
Au fond – bon sang que ça paraît cliché mais c’est pourtant vrai – le GR20 c’est surtout une rencontre avec soi-même. Chaque "arête" franchie sans panache (ou presque…), chaque moment où le "brassage en poudre" des pierriers menace votre moral aussi sûrement qu’un orage sur Bavella… Tout ça construit une sorte de dialogue intérieur — version randonnée extrême.
Deux secondes : un jour vers Petra Piana, alors que je pestais contre un vent à décorner tous les mouflons locaux, j’ai croisé un vieux berger qui m’a lancé “Ici tu marches pour voir si t’es encore vivant”. Pas faux — c’est là toute la "portance" réelle du GR20 : il nettoie l’ego au Kärcher et laisse juste assez d’énergie pour s’émerveiller devant ce qui compte vraiment. Les chiffres disparaissent; reste l’essentiel.
Le GR20 : une aventure au-delà des chiffres
Le GR20 n’est pas qu’un chiffre sur une carte ou un dénivelé à raconter. C’est une aventure intense et bouleversante. Oui, il y a des montées qui font grincer les dents, des descentes où l’on doute de la solidité de ses genoux. Mais surtout, c’est la beauté brute de la montagne corse qui frappe l’esprit à chaque détour. On traverse des paysages incroyables, partage des moments difficiles avec d’autres passionnés sous la pluie… Et on comprend que la vraie mesure du GR20 ne se trouve ni dans les kilomètres ni dans l’altitude gagnée – ce serait trop simple.
Ce sentier sculpte le mental plus qu’un psy en pleine crise créative. Ce qui reste, c’est la fierté d’être allé au bout (ou presque), d’avoir surmonté les difficultés et savouré les petits miracles quotidiens.
Intégrez cela dans votre préparation, mais venez avec humilité et curiosité. Le GR20 ne fait pas de cadeaux : il révèle autant vos faiblesses que votre force. Et souvenez-vous, ce n’est pas en restant au parking que l’on verra les chamois… ni que l’on comprendra l’âme corse gravée dans les pierres du sentier.




